- Le virus du papillome humain (VPH) touche aussi bien les femmes que les hommes, avec différentes implications pour la fertilité des unes comme des autres, surtout en cas de cohabitation avec une infection à chlamydia.
- On observe normalement des lésions de type cicatrices, adhérences ou obstructions des trompes de Fallope chez les femmes, alors que pour les hommes, c’est la qualité, la mobilité, voire la fragmentation de l’ADN du sperme qui sont touchées.
- Il existe aussi un plus grand risque de fausse couche puisque la capacité de l’embryon à s’implanter sur la paroi utérine s’en trouve réduite ; sans oublier le risque accru d’accouchement prématuré. Mais ces risques dépendent du sous-type de VPH contracté.
VALENCE, LE 3 SEPTEMBRE 2024
Dès notre premier contact sexuel, nous sommes tous exposés au virus de la famille Papillomaviridae, plus connu sous le sigle VPH. Ce virus, dont il existe plus de 150 génotypes, peut produire des verrues ou des lésions sérieuses, voire un cancer du col de l’utérus, principalement dans le cas des souches ou sérotypes 16 et 18, responsables de 70 % des cas de cancer du col de l’utérus.
Environ 80 % des femmes sexuellement actives sont en contact avec au moins un sous-type de VPH à un moment ou à un autre de leur vie, mais il s’agit habituellement d’infections temporaires qui disparaissent dans la plupart des cas de manière spontanée, un certain temps après l’infection. Cela dit, le virus peut rester inactif ou silencieux pendant un temps variable et faire son apparition plusieurs années après le contact de transmission.
« Beaucoup de femmes viennent consulter car elles s’inquiètent de la capacité de cette infection à affecter leur aptitude à concevoir et à mener une grossesse à terme. Mais il faut préciser que ce virus ne cause pas à lui seul une situation d’infertilité. Certaines études suggèrent que ce n’est que lorsqu’il cohabite avec la chlamydia que le risque de stérilité augmente ; un plus grand risque de fausse couche a aussi été décrit dans ces cas. En revanche, il est vrai que le VPH peut rendre nettement plus difficile, voire impossible, l’implantation de l’embryon dans l’utérus à cause des séquelles qui font suite aux traitements chirurgicaux, dont l’extirpation du col de l’utérus ou de l’utérus complet, ou encore la radiothérapie locale, des traitements qui néanmoins sont tous nécessaires pour aborder l’infection sous ses formes les plus graves », explique le docteur Javier Martínez Guisasola, directeur d’IVI Burgos.
Lorsque certaines MST coexistent avec le virus, cela peut entraîner une stérilité qui trouve son origine dans l’obstruction des trompes de Fallope. Une telle lésion des trompes ne permettra en effet pas de véhiculer les ovules depuis les ovaires, et donc aucun ovule ne pourra être fécondé par le sperme pour former un embryon.
Rappelons aussi que les femmes enceintes infectées peuvent transmettre la maladie au nouveau-né par le canal génital, et que l’apparition d’une infection oropharyngée portant le nom de papillomatose respiratoire récurrente (PRR) reste possible même si elle est très peu probable.
Quelles sont les conséquences pour les hommes ?
Les chiffres européens récemment publiés par The Lancet indiquent que 31 % des hommes sexuellement actifs auraient ce virus et 21 % seraient touchés par la forme à haut risque du VPH. De même que les femmes ont plus de possibilité d’avoir un cancer du col de l’utérus, les hommes peuvent développer d’autres types de cancer, pénis, prépuce, anus et gorge, également associés aux sérotypes 16 et 18 de la maladie virale.
Conséquences pour leur fertilité : cette MST fait baisser la mobilité spermatique, ce qui nuit à la capacité des spermatozoïdes à évoluer librement et influence donc directement les probabilités de parvenir à une grossesse. Parallèlement à cela, la qualité du sperme ou la fragmentation de son ADN peuvent être touchées. Et la situation se complique lorsque la partenaire a également subi une infection de ce type car les probabilités de rencontrer plus de difficultés à concevoir se multiplient.
Côté prévention, « compte tenu que le VPH peut se transmettre de manière orale, vaginale ou anale, même si l’emploi du préservatif reste toujours préconisé pour prévenir les différentes MST, VPH compris, on a relevé des cas d’infection au VPH même avec utilisation du préservatif. Le vaccin contre le VPH pour les deux sexes est donc actuellement le moyen le plus efficace de lutte. Il est plus facile de procéder à un dépistage précoce chez les femmes : un prélèvement suffit pour déterminer la présence ou l’absence du VPH et de ses sérotypes, comme l’indique le programme espagnol de dépistage du cancer du col de l’utérus. Il est aussi possible, comme cela était pratiqué jusqu’à récemment, de détecter via une cytologie tout changement cellulaire suspect qui permettra de préciser le génotype ou la souche concerné/e et de prendre les mesures thérapeutiques opportunes afin d’éviter tout impact direct sur la fertilité ou la capacité à mener à terme une grossesse exempte de complications », conclut le Dr. Martínez Guisasola.