• La prise de médicaments pendant la grossesse peut affecter le fœtus comme le placenta.
• Le risque principal se situe pendant la période d’organogenèse, comprise entre la 3e et la 8e semaine de grossesse.
• Tout comme le pédiatre, le site web www.e-lactancia.org répond aux interrogations concernant les effets de certains médicaments sur l’allaitement.
Paris, le 18 septembre 2017 – L’Organisation mondiale de la santé (OMS) déconseille la prise de médicaments pendant la grossesse, car la grande majorité d’entre eux peuvent causer de sérieux dommages au fœtus. Mais qu’en est-il de la femme enceinte qui doit prendre des médicaments pour sa propre santé ?
Le docteur Elkin Muñoz, directeur de l’IVI de Vigo et de La Corogne, répond aux questions et aux interrogations que peut susciter l’ingestion de médicaments pendant la grossesse. « Il est évident que tout conseil et toute consultation conduisant à la prescription de médicaments doivent toujours être le fait d’un spécialiste. L’autodiagnostic et l’automédication sont à éviter, y compris de la part de vos voisins, de vos amis ou de vos proches, qui prescrivent de leur propre chef en se fondant sur leur expérience personnelle », précise le docteur Muñoz.
C’est le gynécologue ou le médecin de famille qui, dans ce cas, après examen de la patiente, peut déterminer la meilleure réponse à apporter à sa douleur ou à son mal-être et lui expliquer les risques ou les avantages que présente la prise de certains médicaments.
« Il y a un important pourcentage de médicaments qui parvient au fœtus au travers du placenta, tout comme l’oxygène ou les aliments. Ceux-ci peuvent donc nuire au développement normal du fœtus et provoquer des lésions, voire la mort. De même, ils peuvent avoir un effet sur le placenta et occasionner des problèmes au futur bébé, comme un faible poids à la naissance ou un moindre développement. D’autres types de médicaments peuvent provoquer des naissances prématurées, en raison d’un mécanisme de contraction des muscles de l’utérus. D’où l’importance de renoncer à la prise de médicaments pendant la grossesse, hormis dans les situations où elle est absolument nécessaire au bon état de santé de la mère », explique le docteur.
L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) classe les médicaments en cinq catégories, en fonction des risques qu’ils présentent pendant la grossesse :
• Catégorie A : les études menées sur des femmes ont révélé qu’il n’existe aucun risque pour le fœtus pendant le premier trimestre. Ainsi, ces produits peuvent être considérés comme inoffensifs en cours de grossesse. On trouve parmi eux : l’acide folique, la vitamine B6, l’acide ascorbique, le fer, le calcium, le potassium et la lévothyroxine, aux doses prescrites.
• Catégorie B : les études animales ont révélé qu’il n’existe aucun risque pour le fœtus pendant le premier trimestre. Il s’agit de médicaments fréquemment utilisés au cours de la grossesse qui ne semblent être à l’origine d’aucune malformation congénitale sérieuse ou d’autres dommages causés au fœtus. Ceux-ci comprennent : le paracétamol, l’acide aspartique, les corticoïdes, l’insuline, l’amoxicilline, l’acide clavulanique, l’azithromycine et l’ibuprofène (ce dernier est cependant à éviter après la 32e semaine de grossesse).
• Catégorie C : les études animales ont révélé qu’il existe des effets nocifs pour le fœtus. Ces médicaments ne doivent être utilisés que si leurs avantages en justifient le risque. Ceci comprend également les médicaments dont les études d’innocuité n’ont pas été menées à terme. Habituellement, ces médicaments sont accompagnés d’un avertissement relatif aux risques encourus. On trouve parmi eux : la prochlorpérazine, l’amikacine, l’aténolol, la béclométazone, la bétaméthasone, la caféine, la carbamazépine, la codéine, le clonazépam, le fluconazol, le kétorolac, la dexaméthasone, les immunoglobulines anti-RH (D) et la ciprofloxacine.
• Catégorie D : les études animales ont révélé qu’il existe un risque potentiel pour le fœtus. En présence d’une situation à risque pour la mère, leur administration est autorisée si aucun autre médicament plus sûr n’est disponible : il s’agit de l’acénocoumarol, de l’acide acétylsalicylique, du diazépam, de l’acide valproïque, du lithium, de la phénytoïne, de certains médicaments chimiothérapeutiques (bléomycine, méthotrexate) et de l’alcool.
• Catégorie X : les études menées sur des femmes et les études animales ont révélé l’existence d’un risque pour le fœtus. Aucune amélioration n’est constatée sur la femme enceinte et leur utilisation est totalement contre-indiquée au cours de la grossesse. On trouve parmi les médicaments qui entrent dans cette catégorie : l’isotrétinoïne Roaccutane, le misoprostol, le thalidomide, le raloxifène, la simvastatine ou la nandrolone, entre autres.
Tous ces médicaments présentent ainsi un danger plus ou moins important, selon le stade de développement du fœtus, bien que ce danger soit plus considérable pendant la période d’organogenèse, qui se situe entre la 3e et la 8e semaine de grossesse.
« L’oméprazole, les antihypertenseurs, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les contraceptifs oraux comptent parmi les médicaments les plus dangereux pendant la grossesse. Toutefois, il existe d’autres médicaments qu’une femme enceinte peut prendre sans aucun risque, et qui lui permettront de soulager l’inconfort qu’elle peut ressentir au cours de sa grossesse et de ses premiers mois de maternité. Hormis les médicaments, il ne faut pas occulter les effets sur le fœtus et le placenta de certains vaccins, notamment contre la rougeole, la varicelle, la rubéole, les oreillons, la poliomyélite et la fièvre jaune », ajoute le spécialiste IVI.
Et pendant l’allaitement ?
Comme au cours de la grossesse, lors de l’allaitement il faut se montrer particulièrement prudent avec les médicaments et leurs effets sur le bébé.
À cet égard, la FDA distingue trois catégories de médicaments prescriptibles au cours de l’allaitement :
• OUI : prescription possible sans aucun risque pour le bébé.
• NON : utilisation déconseillée, à moins que l’allaitement soit interrompu pendant la période de prise du médicament.
• ND : aucune information disponible à ce sujet.
Il est néanmoins courant que l’innocuité de certains médicaments fasse l’objet d’interrogations, en fonction des besoins de la mère, au cours de la période post-partum et des premiers mois de la vie du bébé (si toutefois on a opté pour l’allaitement, et si ces médicaments présentent un quelconque risque d’affecter la croissance normale du nouveau-né).
Afin de répondre à ce genre de questions, il convient de toujours consulter le pédiatre, qui sera le plus à même de juger de la compatibilité des médicaments avec l’allaitement, sans oublier le site web www.e-lactancia.org, qui permet également de dissiper les doutes relatifs aux conséquences de certains médicaments sur l’allaitement.