- Les travaux présentés par IVI montrent comment une nouvelle méthode permet de distinguer, avec une précision de 95 %, les endomètres présentant un bon pronostic de réceptivité de ceux présentant un mauvais pronostic en combinant une analyse transcriptomique et des algorithmes de l’intelligence artificielle. Par ailleurs, cette méthode permet de montrer qu’il existe un risque relatif 3 fois plus élevé d’échec de réceptivité endométriale chez les patientes dont le pronostic n’est pas bon
- La détection préventive de ces profils d’endomètre permet de proposer une ligne thérapeutique personnalisée ou plus précise, en évitant aux femmes, et aux couples, la souffrance liée à une éventuelle perte d’embryons et en améliorant dans le même temps leur chance d’obtenir une grossesse
- D’autres travaux présentés au cours de cette rencontre scientifique démontrent l’importance de la communication entre l’endomètre de la mère et l’embryon, à travers des vésicules sécrétées en prévision d’une bonne implantation
COPENHAGUE, 29 JUIN 2023
L’Espagne est un des pays de l’Union Européenne dont le taux de fertilité est le plus bas avec un âge moyen de femmes primipares le plus élevé, aspect qui nuit à la qualité des ovocytes et, par conséquent, à celle des embryons générés à partir de ces ovocytes qui auront du mal à s’implanter pour pouvoir donner lieu à une grossesse menée à terme.
Face à cette situation, les recherches en matière de PMA menées depuis 40 ans avec la généralisation de la fécondation in vitro (FIV), ont eu pour objectif d’améliorer la qualité des embryons. Malgré cela, l’endomètre continue à jouer un rôle essentiel car c’est lui qui va accueillir l’implantation de l’embryon et les premières étapes de développement du futur bébé.
C’est sur cet aspect que se sont concentrés les travaux intitulés « A gene expression risk signature of endometrial failure for prognosis in Vitro Fertilization (IVF) patients » présentés à Copenhague ces jours-ci lors de la nouvelle édition de la ESHRE.
« Les recherches menées et présentées en avant-première au cours de cette rencontre scientifique, et grâce à l’analyse transcriptomique associée à des algorithmes de l’intelligence artificielle, proposent une nouvelle méthode d’une précision de 95 %, d’identification de signatures génétiques qui nous aideront à distinguer les endomètres présentant un bon pronostic de ceux présentant un mauvais pronostic avant de commencer une PMA », nous explique le Dr Patricia Diaz-Gimeno, chercheuse à la Fondation IVI et superviseur de l’étude.
Au-delà d’identifier pour la première fois ces deux types de profil d’endomètre, bon pronostic ou mauvais pronostic, cette étude nous permet de constater que, entre ces deux profils, le risque relatif est 3 fois plus élevé chez les patientes présentant un mauvais pronostic de réceptivité endométriale, qu’il s’agisse d’un échec d’implantation, d’une grossesse biochimique ou d’une fausse-couche.
Jusque-là, les outils qui permettaient d’évaluer l’endomètre reposaient sur une identification des endomètres décalés par rapport à la fenêtre d’implantation sans avoir pu démontrer d’améliorations quelconques en termes de taux de grossesse des patientes.
« Même s’il faut continuer à mener des recherches en faveur des patientes présentant un mauvais pronostic de leur endomètre, le fait de pouvoir déjà les distinguer de manière préventive via la méthode présentée devant la ESHRE, constitue un point de départ pour la recherche de nouvelles procédures visant à améliorer le diagnostic et le traitement, à éviter aux femmes et aux couples de souffrir inutilement de la perte éventuelle de leurs embryons tout en améliorant les chances de succès de leur PMA. Ces résultats prometteurs prouvent une fois de plus notre engagement ferme en faveur d’une médecine individualisée ou de précision », ajoute le Dr Díaz-Gimeno.
Au cours des 40 dernières années, les embryons ont fait l’objet de recherches approfondies qui ont abouti à la possibilité de sélectionner les meilleurs d’entre eux et de pouvoir ainsi permettre aux femmes d’obtenir une grossesse dès la troisième tentative dans 95 % des cas.
« Avec ces nouveaux travaux, l’objectif est d’améliorer la réceptivité endométriale pour faire en sorte d’atteindre ce résultat dès la première tentative. Actuellement, sans le contrôle de ce facteur, les chances d’obtenir une grossesse dès la première tentative s’élèvent à 65 % environ en moyenne et à 68 % pour IVI », précise le Dr Díaz-Gimeno.
Communication entre endomètre et embryon
Un échec en PMA peut avoir pour origine l’embryon lui-même, l’endomètre ou ces deux éléments à la fois.
Il convient de prendre en compte la compatibilité entre l’embryon et l’endomètre, ainsi que le dialogue qu’ils peuvent établir entre eux, un dialogue essentiel qui favorisera le succès de l’implantation. C’est en ce sens que les travaux supervisés par le Dr Hortensia Ferrero, chercheuse à la Fondation IVI, et intitulés « Extracellular vesicles secreted by the maternal endometrium functionally regulate processes related to embryo development and implantation in human blastocysts », cherchent à décrire les molécules sécrétées par l’endomètre, et captées par l’embryon, qui sont impliquées dans ce système de communication entre endomètre et embryon et qui peuvent aussi être à l’origine de certains problèmes d’implantation.
« L’endomètre maternel sécrète des vésicules qui sont captées par les embryons humains et, lorsque le contenu de ces vésicules pénètre dans l’embryon, il régule les mécanismes moléculaires impliqués dans l’amélioration de la qualité embryonnaire et, par conséquent, la capacité d’implantation de l’embryon. Ces découvertes ont montré l’importance du système de communication entre l’endomètre maternel et l’embryon à travers ces petits vésicules pour favoriser l’implantation », conclut le Dr Ferrero, superviseur de ces travaux.