- Les spécialistes recommandent de ne pas attendre : plus on avance en âge, plus les problèmes surviennent.
- La préservation de la fertilité chez des patients atteints de cancer, mais pas encore en âge de procréer, est le prochain défi de la médecine de la reproduction.
Paris, le 15 mai 2017 – Il existe actuellement une tendance croissante à retarder la maternité qui impose aux professionnels de la procréation assistée de s’adapter à cette réalité. La vitrification des ovocytes s’impose alors comme la technique la plus courante pour reporter la grossesse, que ce soit pour ‘raisons sociales’ ou pour raisons oncologiques. Néanmoins, l’âge auquel les femmes décident de procéder à la vitrification de leurs ovocytes joue aussi.
Les femmes naissent avec un capital d’un million d’ovocytes environ, qui vont diminuer avant la puberté, pour atteindre approximativement les 400 000. À chaque cycle menstruel, quasiment 1 000 d’entre eux disparaissent. « Par conséquent, à partir de 35 ans, cette réserve ovarienne ne représente plus qu’environ 10 % du total, avec une moins bonne qualité d’ovules. Nous estimons qu’une femme de moins de 40 ans a des ovules de bonne qualité pour concevoir un enfant sans anomalies reproductives et/ou chromosomiques. Les chercheurs de l’Université de St. Andrews estiment à 3 % la réserve ovarienne de ces femmes », a affirmé le Professeur José Remohí, coprésident et fondateur d’IVI, durant le 7ème Congrès International IVI sur la médecine reproductive qui s’est déroulé à Bilbao, du 11 au 13 mai derniers.
« Les chiffres ne mentent pas ; en tant que gynécologues, nous savons que la fertilité de la femme n’est pas illimitée. C’est aux femmes d’en prendre conscience. Il peut, certes, se produire des grossesses spontanées, mais elles sont très peu probables et comportent en outre beaucoup de risques », ajoute le médecin.
La vitrification ovocytaire, un moyen efficace de préserver la fertilité
La vitrification est apparue comme un espoir pour les femmes qui doivent subir des traitements contre le cancer ou une chirurgie des ovaires, et aujourd’hui, un plus grand pourcentage de femmes y ont aussi recourt pour des raisons sociales. La méthode consiste en une « congélation » ultrarapide qui permet de conserver l’ovule dans des conditions optimales, pour être utilisé quand la femme le souhaitera. Grâce aux nouvelles méthodes appliquées par les spécialistes d’IVI, le taux de survie de ces ovocytes atteint 90 %.
« La vitrification est une méthode simple qui a révolutionné la cryobiologie, et qui est devenue la clé de nombreuses autres techniques dans nos cliniques. Elle assure un taux de réussite élevé et un coût accessible. C’est une décision qui présente beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients. Si on analyse l’objectif final (maintenir quasiment intacte la possibilité de devenir mère), elle est hautement recommandable. C’est un espoir et une possibilité pour les femmes qui souhaitent contrôler leur temps, leur corps et leur désir d’être mère ou non. C’est le premier pas vers l’autonomie reproductive des femmes », a déclaré le Dr. Juan Antonio García-Velasco, directeur d’IVI Madrid, lors du 7ème Congrès International IVI.
Fin de la vingtaine, début de la trentaine : l’âge clé
L’âge est la clé pour les traitements de procréation assistée. Il est devenu le principal facteur de tous les problèmes des femmes et/ou des couples qui ne parviennent pas procréer naturellement. « Retarder la maternité est une réalité. Que les femmes se trouvent dans leur meilleure période au niveau social, émotionnel, psychologique et économique à la fin de la trentaine en est une autre. Mais la biologie l’ignore. C’est pourquoi préserver la fertilité grâce à la vitrification des ovocytes pendant cette période est une assurance de tranquillité pour toutes ces femmes », ajoute le Professeur José Remohí.
Bien que la vitrification d’ovocytes chez des patientes de plus de 35 ans soit possible, les femmes doivent savoir que plus tôt l’option de vitrifier leurs ovules sera envisagée, plus grandes seront leurs chances d’accomplir leur désir de procréation dans l’avenir. « IVI dispose actuellement de programmes de cryoconservation très efficaces et sûrs, nous pouvons compter sur le fait qu’ils produiront le résultat attendu. Mais l’âge est la clé. La période optimale de préservation se situe entre 25 et 35 ans. Alors que la survie des ovocytes est similaire, le taux de réussite de grossesse diminue quand la vitrification est réalisée plus tard, comme c’est le cas avec des ovocytes frais », a expliqué le Dr. Ana Cobo, directrice du Service de Cryoconservation d’IVI Valencia et auteure du rapport intitulé ”Factors impacting the success of elective fertility preservation” durant le congrès.
Préservation de la fertilité des enfants atteints de cancer
Bien que le recours pour des raisons sociales soit actuellement majoritaire, il ne faut pas oublier que le but initial de la vitrification pour préserver la fertilité est d’aider les patients à conserver la possibilité de devenir mère/père après des traitements contre le cancer. À ce propos, le 7ème Congrès International IVI a été l’occasion de présenter les dernières avancées pour les enfants atteints de cancer, qui n’ont pas encore atteint l’âge de procréer.
Concernant le taux de survie, la communauté scientifique cherche à éviter ou à diminuer les effets secondaires des traitements contre le cancer pour ces patients. Les cas étudiés jusqu’à présent présentent un meilleur taux de réussite chez les filles que chez les garçons. « Pour ces profils, la technique la plus généralement employée est la congélation du tissu ovarien. Il a été obtenu des naissances chez des mères ayant eu un cancer durant leur enfance et dont on a préservé la fertilité. Ce n’était pas en Espagne, mais cela constitue un espoir pour des cas similaires »,conclut le Dr. Juan Antonio García Velasco.