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Les grossesses multiples sont qualifiées comme risquées pour la mère et le nouveau-né.
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Depuis les années 1970, c’est un véritable phénomène : la fréquence des naissances de jumeaux a doublé dans les pays développés. En France, 61% des grossesses gémellaires sont dues à l’AMP[1].
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Selon les données publiées par SEF (Société Espagnole de Fertilité), dans les cliniques espagnoles de PMA, le nombre de transferts d’embryons doubles est passé de 82 % en 2012 à 56 % en 2016.
SET : UNE DÉCISION SOCIALEMENT, MÉDICALEMENT ET ÉCONOMIQUEMENT RESPONSABLE
Ces dernières années, l’Espagne a enregistré une augmentation constante du nombre de grossesses multiples, un fait directement influencé par la technologie de reproduction assistée. Malgré les preuves et les campagnes visant à sensibiliser les spécialistes et les patients en faveur du transfert d’embryons uniques (SET), le taux de naissance des jumeaux associé à un traitement PMA est actuellement estimé à environ 20%.
« Conscient de cette situation et en accord avec les connaissances scientifiques, la politique actuelle d’IVI est de choisir le transfert d’embryons uniques dans la mesure du possible. Comme le montrent nos données, le nombre de SET est passé de 22 % en 2009 à 88 % en 2018 dans les cliniques IVI sur l’ensemble du territoire espagnol, ce qui se traduit par une réduction de 75 % de ces grossesses au cours de la dernière décennie. C’est parce que cette stratégie a été mise en œuvre dans presque 100% de nos traitements, que nous avons une meilleure connaissance des mécanismes qui régulent la réceptivité de l’endomètre, des techniques telles que Timelapse, qui permettent de surveiller l’évolution et le développement de l’embryon et d’améliorer le processus de sélection des embryons grâce au diagnostic génétique préimplantatoire, permettant d’éliminer les embryons présentant des anomalies chromosomiques. S’ajoute à cela le travail des professionnels de la santé pour faire en sorte que les patientes comprennent que les grossesses multiples ne sont pas un objectif à atteindre, mais une complication à éviter » explique le Dr Agustin Ballesteros, Directeur d’IVI Barcelone, IVI Lérida et IVI Gérone.
Actuellement, le ratio de naissance jumelée est de 1:80 pour les grossesses spontanées et de 1:4 pour celles issues de traitements PMA, un nombre qui montre clairement la nécessité de sensibiliser à cette situation et l’adoption de mesures pour s’attaquer au problème à l’échelle mondiale.
« Selon les données de la Société Espagnole de Fertilité (SEF), le double transfert d’embryons est passé de 72% en 2012 à 56% en 2016, tandis que le transfert d’embryon unique est passé de 20 à 42%. Nous sommes sur la bonne voie, cependant, il revient aux médecins d’expliquer qu’en médecine reproductive la variable de succès est définie par un nouveau-né vivant et en bonne santé.
Dans le cas d’une grossesse multiple, ces résultats diminuent considérablement, en raison d’un risque accru du nombre de complications maternelles, fœtales et néonatales », explique le Dr Ballesteros.
PRINCIPALES COMPLICATIONS ASSOCIÉES |
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Chez la mère |
Chez le nouveau-né |
Plus grandes chances de césarienne |
Prématurité |
Hypertension |
Anomalies congénitales |
Rupture prématurée des membranes |
Retard dans la croissance intra-utérine |
Risque d’accouchement prématuré |
Mortalité périnatale |
Augmentation du risque d’une hémorragie postpartum |
Faible poids à la naissance |
« L’efficacité de la reproduction humaine est très faible et elle peut diminuer si l’âge de la mère est plus avancé au moment de la première grossesse. Ce retard de maternité implique une augmentation de la demande de traitements de procréation assistée.
Les femmes et les couples ayant des problèmes de procréation choisissent souvent de demander à leur médecin un transfert d’embryons multiples, persuadés que cela augmentera les chances de mener une grossesse à terme. Néanmoins, les résultats publiés dans différentes études indiquent qu’il n’y a pas de différence entre les taux de grossesses avec un seul embryon et les taux de grossesse clinique
avec deux embryons, ni dans les cycles avec gamètes propres et ni dans les cycles avec dons » ajoute le Dr Ballesteros.
L’objectif principal des traitements de PMA est d’avoir des nouveau-nés en bonne santé et ces traitements ne constituent pas un risque pour la mère.
« Sur cette base, et bien que le transfert d’embryons uniques électifs ne soit actuellement pas une pratique courante dans tous les centres de procréation assistée, la vérité est qu’en Espagne trois embryons sont transférés dans 3,5% des cas, et, deux embryons dans 65% des cas. Ces données sont moins perceptibles dans les cas de don de gamètes, bien que le transfert de deux embryons reste majoritaire.
Il est donc nécessaire, comme nous l’avons déjà souligné, d’établir des politiques pour renverser cette situation », conclut-il.
Un autre aspect à ne pas négliger concernant les grossesses multiples est lié aux coûts de santé qu’elles impliquent qui doublent par rapport aux grossesses simples. Les coûts associés à l’accouchement sont aussi plus coûteux dans le cas d’une grossesse multiple (environ 1,7 fois plus élevé).
[1] Source : étude “Twinning Rates in Developed Countries: Trends and Explanations” – publiée dans Population and development review