- Ces études, portant sur des traitements thérapeutiques destinés aux femmes souffrant d’une insuffisance ovarienne prématurée, un traitement très prometteur des fibromes utérins et la possibilité de rendre silencieux les chromosomes supplémentaires, ont eu les faveurs du jury du comité scientifique de la SRI, qui les a récompensées pour leur qualité et leur aspect innovant.
- Les problèmes de qualité des ovocytes sont aujourd’hui à l’origine de la plupart des échecs en matière de reproduction. Les chercheurs d’IVI ont ainsi identifié une stratégie thérapeutique prometteuse visant à améliorer la qualité des ovocytes, domaine dans lequel il n’existe pas, à ce jour, de traitement fiable.
- Au cours de cette rencontre, IVI a également présenté une étude identifiant les oligoéléments associés aux meilleurs résultats obtenus chez des patientes en traitement de FIV
Dans le cadre de cette course de fond destinée à proposer les meilleures solutions qui soient aux femmes et aux hommes en quête de paternité/maternité, IVI était une nouvelle fois présent au congrès de la Society for Reproductive Investigation (SRI). Au cours des rencontres scientifiques de cette 70e édition qui s’est déroulée du 21 au 25 mars 2023 à Brisbane (Australie), IVI, leader mondial de la médecine reproductive, a présenté une vingtaine de travaux et s’est vu décerner trois prix majeurs qui ont récompensé ses travaux de recherche.
« Nous avons énormément investi dans la recherche depuis plus de 30 ans et ce sont ces efforts destinés à toujours progresser dans le domaine de la reproduction et à proposer les meilleures solutions à nos patients qui font de nous LA référence dans le domaine de la PMA et nous ont permis d’obtenir d’excellents résultats avec nos traitements. C’est ainsi que, encore aujourd’hui, nous ne cessons d’étudier, d’apprendre et de progresser pour pouvoir résoudre au plus vite, grâce à la science, tous les problèmes de fertilité. Ce type de congrès offre un espace d’échange des connaissances acquises qui permettent de fixer les axes de l’avenir de notre spécialité » précise le Dr Juan Antonio García Velasco, directeur scientifique d’IVI.
Un de ces axes repose sur des traitements thérapeutiques destinés aux femmes souffrant d’une insuffisance ovarienne prématurée, lesquelles, très souvent, ne peuvent parvenir à une grossesse avec leurs propres ovocytes. C’est sur ce thème que le groupe de biologie des cellules souches endométriales et de bioingéniérie utérine de la Fondation IVI, dirigé par le Dr Irene Cervelló, a présenté son étude « Bioengineering an Ovarian-Specific ECM Hydrogel to Treat Premature Ovarian Failure », qui a reçu le President’s Presenter’s Award, un des prix majeurs octroyés par cette société scientifique.
« Les résultats obtenus avec cette étude sont très prometteurs puisqu’ils montrent que l’utilisation d’hydrogel combiné à des facteurs de croissance a permis d’augmenter le nombre d’ovocytes matures chez des souris par rapport aux animaux n’ayant pas reçu ce traitement ou ayant reçu d’autres traitements. Ces travaux pourraient ainsi aboutir à une solution thérapeutique pour les femmes souffrant de FOP », nous explique le Dr Cervelló.
Un autre problème lié aux fibromes utérins est aussi souvent à l’origine des difficultés de certaines femmes à parvenir à une grossesse. Dans ce domaine, l’étude supervisée par le Dr Hortensia Ferrero, chercheuse à la Fondation IVI, a eu les faveurs du jury du comité scientifique de la SRI qui a décidé de lui octroyer également le prix President’s Presenter’s Award.
« Le fibrome utérin est la tumeur les plus fréquente chez les femmes en âge de procréer avec 70 % des femmes concernées dans le monde. Les résultats de notre étude « Doxercalciferol Decreases Uterine Fibroid Growth Rate Through the Regulation of ECM Synthesis and Cell Proliferation » soulignent l’intérêt des analogues de la vitamine D, et plus précisément du Doxercalciférol, en tant que solution thérapeutique dans le traitement des fibromes utérins pour les patientes qui souhaitent maintenir leur niveau de fertilité. Le Doxercalciférol réduit en effet la croissance du fibrome de 42 % et agit principalement en régulant l’expression des gènes impliqués dans la prolifération cellulaire et la production de matrice extra-cellulaire, les deux principales voies de progression de ce type de tumeur », précise le Dr Ferrero.
Une autre étude récompensée dans ce contexte, « Targeted Elimination of Human Chromosome 21 (HSA21) in Adult and Embryo Stem Cell Lines Using a Novel CRISPR-Cas3 Genome-Editing Tool », analyse le comportement des embryons au cours de leur développement, au-delà du jour-même du transfert, dans des milieux de culture prolongés en laboratoire jusqu’au 12e jour environ, selon qu’il s’agisse d’euploïdes ( profil chromosomique normal), de trisomiques 21 (un chromosome 21 supplémentaire, ou syndrome de Down) ou de monosomiques (un chromosome 21 en moins). Cette étude a pour objet de repérer à quel moment on observe des différences au niveau du développement morphologique des embryons et dans l’expression de leurs chromosomes.
« L’observation du moment où ces différences apparaissent nous permettra d’envisager la possibilité de rendre silencieux le chromosome supplémentaire sur certains embryons en utilisant la technologie CRISPR sur des lignes de cellules humaines, puis, au cours d’une prochaine étape, d’examiner si cette méthode pourrait s’appliquer à un embryon humain », précise le Dr Imma Sánchez, gynécologue d’IVI Barcelone et superviseur de l’étude.
Une voie prometteuse pour améliorer la qualité ovocytaire des femmes
Les problèmes de qualité des ovocytes sont aujourd’hui à l’origine de la plupart des échecs en matière de PMA. Cette baisse de qualité des ovocytes est associée notamment à l’augmentation de l’âge de la maternité, avec des femmes qui ont leur premier enfant de plus en plus tard. On peut toutefois aussi mentionner les effets secondaires de la chimiothérapie sur le niveau de reproduction des femmes atteintes de cancer. On a ainsi remarqué qu’une augmentation des niveaux d’oxydation de l’ovocyte semble être un des mécanismes communs observé chez ces deux types de patiente.
« En tenant compte de ce phénomène, dans notre étude « Nicotinamide Mononucleotide supplementation improves oocyte quality in chemotherapy induced ovarian damage mouse models », nous avons vérifié si un complément oral de nicotinamide mononucléotide (nmn) permettait d’inverser la baisse de qualité ovocytaire associée aux dommages provoqués par une chimiothérapie sur un modèle animal, observant ainsi pour la première fois le rôle du NMN pour lutter contre les dommages liés aux traitements oncologiques », déclare le Dr Sonia Herraiz, chercheuse à la Fondation IVI et superviseur de l’étude.
Le NMN est un précurseur du principe actif nicotinamide adenine dinucleotide (NAD+), molécule essentielle à de nombreux processus biologiques et présentant un potentiel antioxydant.
« Après un processus de fécondation in vitro, nous observons des taux plus élevés de fécondation et un meilleur développement embryonnaire chez les animaux soumis à ce traitement. Ces résultats nous permettent de conclure que le traitement avec NMN offre une stratégie thérapeutique prometteuse en matière d’amélioration de la qualité ovocytaire pour laquelle il n’existe à ce jour aucun traitement fiable », ajoute le Dr Herraiz.
Les oligoéléments : des facteurs qui ont un impact sur les résultats obtenus
Au cours des dernières décennies, on a assisté à une baisse de la fertilité, en particulier dans les régions industrialisées, et, par conséquent, à un recours toujours plus fréquent aux techniques de PMA. Cette baisse de fertilité s’explique, entre autres choses, par des facteurs socio-économiques, mais elle est également due à des facteurs environnementaux et de mode de vie, parmi lesquels le régime alimentaire.
Cette observation a donné lieu à l’étude « Positive association between essential trace elements in female biological matrices and IVF outcomes in euploid single embryo transfer cycles » qui a identifié les oligoéléments associés aux meilleurs comme aux pires résultats reproductifs chez des femmes sous traitement de FIV.
« Les données recueillies ont montré qu’une plus forte concentration d’oligoéléments, comme le cuivre et le ratio cuivre/zinc dans le liquide folliculaire et le plasma, et le manganèse dans le plasma, entraînait une meilleure réponse ovarienne à la stimulation hormonale et de meilleurs résultats embryologiques dans le cas des FIV. À l’inverse, une plus forte concentration de lithium dans le liquide folliculaire est associée à une moindre réserve ovarienne, une moins bonne réponse à la stimulation ovarienne et à des taux inférieurs de fécondation pour les FIV. Ces résultats indiquent qu’il existe bien un impact direct entre les teneurs en oligoéléments et les résultats des FIV » en conclut le Dr Francisco Dominguez, chercheur à la Fondation IVI et superviseur de l’étude.