Du 2 au 5 juillet dernier à Genève a eu lieu la 33e édition du Congrès ESHRE (la Société Européenne de Reproduction Humaine et d’Embryologie), le rendez-vous le plus important dans le domaine de la reproduction. Au cours de cette rencontre, qui ressemble chaque année des milliers de professionnels du secteur venus du monde entier, IVI a participé à travers les discours de nos spécialistes de l’infertilité mais aussi avec la révélation de plusieurs de ses études.
L’étude dont nous allons vous parler compare l’efficacité de la vitrification ovocytaire et celle de la cryoconservation du cortex ovarien, deux techniques dont la médecine de reproduction se sert pour préserver la fertilité.
L’étude a été menée en partenariat avec l’Hôpital de La Fe à Valence et a été réalisée auprès de 1 759 patientes (1 024 d’entre elles ont vitrifié leurs ovocytes et 735 ont subi une cryoconservation du cortex ovarien). Les résultats ont démontré que les deux techniques sont efficaces car il n’existe pas des différences significatives dans le taux de nouveau-nés. Cependant le recours vers l’une ou l’autre d’entre elles n’est pas au choix mais selon les besoins de chaque patiente.
Pour rappel, voici en quoi consistent ces deux techniques :
Vitrification d’ovocytes :
La vitrification des ovocytes consiste à stimuler l’ovaire avec des hormones similaires à celles produites par la patiente, pour pouvoir prélever les ovocytes via une aiguille très fine, dans une procédure qui nécessite seulement une sédation. Par la suite, les œufs sont conservés par un refroidissement ultra-rapide, qui empêche la formation de cristaux de glace, protégeant ainsi les œufs tout le temps nécessaire (jusqu’à des décennies). C’est la même méthode utilisée pour conserver les œufs chez les patientes qui veulent reporter la maternité pour des raisons personnelles ou professionnelles. Lorsque la patiente a été guérie de son cancer, elle peut utiliser ses œufs pour les féconder avec le sperme de son partenaire ou d’un donneur afin d’obtenir un embryon qui sera implanté dans l’utérus de la patiente.
Cryoconservation du cortex ovarien :
Cela consiste à enlever un fragment de la surface de l’ovaire par chirurgie très peu invasive (laparoscopie). La procédure dure vingt minutes environ, permettant à la patiente de regagner son domicile ou de débuter sa chimiothérapie même quelques heures après l’intervention. Les tissus sont ensuite congelés, et peuvent ainsi être préservés tout le temps nécessaire. Si la patiente présente une insuffisance ovarienne, ces tissus peuvent être réimplantés lors d’une nouvelle intervention, restaurant ainsi ses fonctionnalités, tant du point de vue de la fécondité que du point de vue de la production d’hormones (cela retarderait la ménopause qui est une conséquence de nombreux traitements du cancer). Il permet également des grossesses spontanées, sans avoir recours aux techniques de fécondation in vitro.
Mais quelle technique choisir pour préserver sa fertilité ?
A cette question, l’un des dirigeants de l’étude répond : « Il est très important d’indiquer les bonnes techniques pour chaque patiente, étant donné qu’elles ne peuvent pas toutes bénéficier des mêmes techniques. S’il y a suffisamment de temps avant le début d’une chimiothérapie, et si la réserve ovarienne de la patiente est suffisante et elle a déjà commencé sa puberté, alors le plus approprié serait d’effectuer une vitrification d’ovocytes, étant donné que dans des conditions équivalentes en ce qui concerne le taux de nouveau-nés, cette technique est moins agressive ».
La cryoconservation du cortex ovarien, quant à elle serait recommandée pour les patientes prépubères, qui n’ont pas encore eu de menstruations, pour lesquelles la stimulation et la récupération d’ovocytes sont compliquées. De même, chez les patientes atteintes de tumeurs agressives, comme le lymphome de Burkitt, il n’y a pas suffisamment de temps pour une stimulation ovarienne avant la chimiothérapie.
Les commentaires sont fermés.