IVI, référent mondial de la médecine reproductive, a en effet réalisé cette première étude sur les tendances en matière de fertilité et de maternité en 2022. Cette étude, menée dans trois pays, a porté sur 1 000 femmes. Elles ont été interrogées sur leurs motivations pour devenir mère (ou non), le report éventuel de leur maternité. Nous avons voulu savoir aussi leur niveau de connaissances des traitements de fertilité existants ou leur opinion en ce qui concerne les modèles familiaux aujourd’hui présents dans nos sociétés.
Aujourd’hui, nous souhaitons vous expliquer pourquoi les femmes françaises repoussent leur désir de maternité. Nous nous sommes centrés sur le contexte social, politique et économique dans lequel nous vivons actuellement. Or d’autres motifs ont également été évoqués. Pour nous aider à réfléchir sur le retard de la maternité, nous avons le plaisir de pouvoir compter aussi sur le point de vue de l’une de nos spécialistes francophones, le Dr Paula Celada.
Devenir mère en 2022
Nous traversons depuis quelques mois une période particulièrement mouvementée illustrée par la guerre en Ukraine, l’inflation et l’augmentation générale des prix. Tous les signes annoncent une nouvelle crise économique mondiale, la pandémie, etc. Un tel panorama social et économique, sans oublier les prévisions concernant l’évolution de la situation, ne peut que nous inquiéter. Et, en toute logique, il est difficile dans un tel contexte de prendre une décision aussi importante que celle de fonder une famille. Dans quelle mesure les projets de maternité des patientes françaises d’IVI ont-ils été perturbés ? Le Dr Celada, gynécologue d’IVI Valence nous l’explique :
« Un nombre important de femmes ont dû repousser leur maternité, même si ce désir existait bien avant, à cause de la situation sociale, socioéconomique, qu’on est en train de vivre en ce moment. C’est une réalité dans nos vies que l’on a de plus en plus de mal à retrouver un travail stable, un travail bien rémunéré économiquement. On a de plus en plus de mal d’acheter un appartement. Effectivement, cela provoque le retard de la maternité. »
Retard de la maternité et hiver démographique
Ce retard de la maternité nous donne l’occasion de rappeler un concept que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer par le passé. Il s’agit du vieillissement de la population également dénommé « hiver démographique ». Le remplacement générationnel devient un véritable problème en cas de chute généralisée de la natalité.
En ce qui concerne la France, les données fournies par l’Insee montre que le taux de fécondité conjoncturel en 2021 était de 1,8 enfants par femme. Ceci montre une légère hausse par rapport à l’année précédente. Le taux de fécondité français est le plus élevé d’Europe, même si ce chiffre n’atteint pourtant pas le fameux « taux de remplacement » situé à 2,1 enfants par femme, ce qui permettrait de renouveler la population.
Le report de la maternité parmi les plus jeunes
L’étude réalisée par IVI montre que 41,2 % des femmes interrogées ont reporté leur décision de devenir mère en raison du contexte actuel. Ce résultat atteint 52 % dans la catégorie d’âge située entre 25 et 29 ans, montrant ainsi que plus de la moitié des jeunes françaises ne souhaite pas devenir mère pour le moment.
Ces chiffres viennent confirmer ce que l’Insee avait déjà relevé lors d’une autre étude, autrement dit, que la maternité tardive (au-delà de 40 ans ou plus) ne cesse d’augmenter depuis les années 1980 en France.
C’est dans ces circonstances que la PMA joue un rôle essentiel en permettant à ces femmes de réaliser leur rêve de maternité sachant que l’âge auquel une femme est encore fertile ne s’adapte pas forcément au rythme de l’évolution de notre société, ajoute le Dr Celada. « C’est très important d’être bien conscient de l’effet de l’âge si on veut avoir un enfant et essayer de le faire plutôt avant les 35 ans. Mais si ce n’est pas le cas, parce que c’est vrai qu’aujourd’hui on a cette tendance à repousser la maternité, au moins il faut être bien conscient de la problématique qui peut exister plus tard et se décider à faire une préservation de la fertilité. »
La pandémie de COVID-19 a-t-elle eu une influence sur les projets de maternité ?
Selon notre enquête, non. Les femmes interrogées se disent moins inquiètes des conséquences de la pandémie par rapport à leur décision de devenir mère. Seules 27,9 % des femmes interrogées, ayant l’intention de devenir mère, ont déclaré que la pandémie avait joué un rôle dans leur désir de grossesse.
La pandémie est par conséquent passée au second plan dans les inquiétudes des Françaises souhaitant avoir un enfant, conclut le Dr Celada. « Beaucoup de couples, de femmes célibataires, ont décidé que ce n’était pas le bon moment pour faire un enfant. Aujourd’hui par contre, elles reviennent. »
Maternité et fertilité à l’examen
Pour mener à bien cette étude au niveau du pays (étude également menée au Royaume-Uni et en Espagne), IVI a fait appel à GFK, groupe spécialisé dans l’analyse de marché. L’enquête a été menée auprès d’environ 1 000 femmes entre 25 et 45 ans et résidant en Espagne, en France et au Royaume-Uni. Parmi celles-ci, un tiers de Françaises appartenant à une catégorie socio-professionnelle moyenne, moyenne-élevée et élevée. Comme nous le verrons dans les prochains mois, cette étude a pour objectif de montrer l’attitude des femmes interrogées face à la maternité, la fertilité et la PMA.
Pour cela, vous trouverez sur notre site un espace de consultation des données les plus intéressantes concernant l’étude de maternité et de fertilité réalisée. Vous pourrez aussi écouter les conclusions du Dr Celada, experte dans ce domaine et mère de famille, en lien avec les informations que nous venons de vous présenter.
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