Près de 5 000 couples consultent les équipes d’IVI chaque année pour des questions liées à l’infertilité. Parmi les causes des troubles de la fertilité rencontrés par les candidats à la PMA, les perturbateurs endocriniens tiennent une place significative. Présents dans l’environnement quotidien, ces produits chimiques, de synthèse ou d’origine naturelle, sont pointés du doigt par la communauté scientifique internationale. L’OMS en donne cette définition : « une substance ou un mélange exogène possédant des propriétés dont l’on peut attendre qu’elles conduisent à une perturbation endocrinienne sur un organisme intact ou sa descendance ». Après évaluation de la fertilité du couple au moyen d’un test de fertilité pour la femme et d’un spermogramme pour l’homme, une FIV (fécondation in vitro) avec ICSI (injection intracytoplasmique) peut être envisagée. Mais la menace que font planer les perturbateurs endocriniens sur la reproduction doit encore être prise en compte de façon sérieuse une fois la patiente tombée enceinte. Quels sont ces composés ? Quels risques présentent-ils ? Comment s’en prémunir ? Voici quelques informations utiles pour protéger sa grossesse des méfaits des perturbateurs endocriniens.
Les perturbateurs endocriniens dans la vie quotidienne
Des œstrogènes de synthèse prescrits aux femmes enceintes dans les années 70 au bisphénol A, en passant par le DDT et les phtalates, les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans l’environnement quotidien. On les trouve aussi bien à la maison qu’à l’extérieur, dans l’alimentation, les produits ménagers, les cosmétiques, le tabac ou les médicaments. Le distilbène, par exemple, était utilisé il y a une quarantaine d’années pour prévenir les fausses couches. Au vu de ses effets secondaires catastrophiques sur l’appareil reproducteur du fœtus (malformations de l’utérus chez les bébés filles), ce traitement est désormais prohibé. Surveillé par l’Union européenne, le bisphénol A, accusé de jouer un rôle sur la stérilité masculine et de favoriser une puberté précoce chez les filles, est maintenant interdit dans la fabrication des contenants alimentaires, et notamment des biberons. Bien que retiré du marché dans les années 1970, le DDT (puissant pesticide) continue quant à lui de contaminer l’environnement. Concernant les phtalates, ils sont connus pour leur lien avec l’infertilité, tant masculine que féminine. Ils sont présents dans les produits de beauté, les parfums ou encore les tubes en plastique.
Les perturbateurs endocriniens et l’infertilité
Lorsqu’on y est exposé, les perturbateurs endocriniens ont un rôle sur la survenue de cancers. Ils ont également un impact considérable sur le système hormonal, avec un risque potentiel de stérilité masculine et féminine. Les conséquences de ces molécules sur l’appareil reproducteur féminin, analysées plus finement ces dernières années, pourraient aller de la dégradation accélérée des ovules à la stérilité définitive par destruction ovocytaire, dans les cas les plus sévères. Entre autres effets néfastes imputés aux perturbateurs endocriniens, citons les problèmes de myomes utérins, d’endométriose et d’ovaires polykystiques. Les tests de fertilité chez la femme mettent en évidence une précocité de la puberté, d’une part, et l’altération de la fonction ovarienne, d’autre part.
Tomber enceinte malgré les perturbateurs endocriniens
Si les perturbateurs endocriniens ont une action indéniable sur la stérilité masculine et féminine, la partie n’est pas pour autant jouée quand on en est victime. En effet, grâce à la PMA, être enceinte est tout à fait réalisable. En recourant à une FIV avec ICSI, une grossesse à 40 ans est même parfaitement envisageable. Cependant, la vigilance doit rester de mise durant les neuf mois de grossesse, car le système reproducteur féminin s’avère d’autant plus vulnérable pendant cette période. Pour éviter que ces molécules chimiques ne franchissent la barrière placentaire et viennent contaminer le fœtus, quelques dispositions s’imposent. En premier lieu, il faut apprendre à traquer ces polluants invisibles.
Comment se protéger des perturbateurs endocriniens pendant la grossesse ?
Même si certains sont d’origine naturelle, comme les phyto-œstrogènes du soja, la plupart des perturbateurs endocriniens proviennent de l’industrie chimique. Pesticides, retardateurs de flamme, parabens, phénoxyéthanol, triclosan… pour limiter l’exposition à ces composés, en particulier pendant les premières semaines de grossesse, il faut éviter certains produits d’hygiène et bon nombre de cosmétiques. Les compositions n’étant pas toujours exhaustives, la meilleure décision est de se tourner vers le bio. Ceci vaut d’ailleurs également pour l’alimentation. Exempte de pesticides, l’agriculture biologique offre de bonnes garanties de sécurité aux femmes enceintes.
Les objets contenant des perturbateurs endocriniens
Au-delà de la nourriture, les contenants alimentaires peuvent présenter des risques : de nombreuses molécules indésirables ont été recensées dans les conserves en métal et les récipients en plastique du commerce, la vaisselle et les plats domestiques. Il faut aussi faire attention aux ustensiles de cuisson. Les poêles et les casseroles anti-adhésives (contenant des composés perfluorés, incriminés dans les problèmes d’infertilité liés à la modification de la morphologie des spermatozoïdes) sont à remplacer par des modèles en acier inoxydable ou en fonte. Les assiettes et les plats de service sont eux choisis de préférence en céramique ou en verre. En outre, le réchauffage au micro-ondes des aliments dans des contenants en plastique est totalement prohibé.
Les perturbateurs endocriniens dans l’air
Les perturbateurs endocriniens sont présents dans les substances volatiles émanant de la peinture, des meubles ou des tissus de décoration, notamment. Si la grossesse est la période idéale pour aménager la chambre de bébé, il est nécessaire de rester vigilant sur le choix des équipements. À privilégier : les meubles en bois ou conçus dans des matériaux bruts, pour éviter la présence de colles et de solvants. Après les travaux, il ne faut pas oublier d’aérer la maison. Cette précaution est à prendre en général, pour évacuer par exemple les composants indésirables contenus dans les désodorisants d’intérieur. Du côté des produits d’entretien, le bio et les recettes de grand-mère, à base de vinaigre blanc et de jus de citron, emportent notre préférence. Enfin, être enceinte ne rimant pas avec austérité : pourquoi ne pas explorer (avec le concours d’un conseiller) les huiles essentielles ou les hydrolats naturels, pour remplacer son eau de toilette habituelle ?
Les commentaires sont fermés.