La Société Européenne de Reproduction Humaine et d’Embryologie (ESHRE) s’est réunie en congrès pour sa 39e édition à Copenhague. IVI a une nouvelle fois participé à cet événement majeur en présentant plusieurs résultats de ses recherches anticipant ainsi sur le futur de la médecine reproductive.
Nos recherches ont pour objectif de parfaitement connaître les rouages de l’infertilité, ses origines et les facteurs qui peuvent la provoquer ou l’aggraver, comme ce peut être le cas en présence de quantités trop importantes de métaux lourds. Nous étudions également les variables qui expliquent les résultats des traitements de fertilité, en cherchant constamment à augmenter nos taux de réussite.
En fin de compte, notre travail consiste à tout miser sur la recherche pour pouvoir offrir à nos patients la possibilité de réaliser leur rêve de parentalité. Nous allons vous présenter aujourd’hui quelques-unes des études menées à bien et présentées devant la ESHRE.
Traitements de fertilité plus sûrs, confortables et flexibles
Jusqu’à présent, on pensait que réaliser les transferts embryionnaires lors du cycle naturel de la patiente avait des limitations et résultait en un protocole excessivement rigide. Bien qu’il y ait eu des études précédentes qui ont tenté d’approfondir ce point du processus de reproduction, il est vrai que leurs limitations et leur taille d’échantillon réduite ont rendu impossible d’atteindre les certitudes nécessaires pour avancer dans cette voie.
Maintenant, à IVI, nous avons présenté une étude pionnière, avec un échantillon de plus de 3 000 embryons, appelée A new mNC protocol that allows a 7-day window for FET planning et dirigée par le Dr Carlos Alonso, gynécologue à IVI Madrid. Il explique lui-même que les résultats sont clairs : « Le transfert d’embryons peut être programmé si l’endomètre est prêt lorsque les follicules mesurent entre 13 et 20 millimètres, sans altérer de quelque manière que ce soit les résultats cliniques du processus ».
Un transfert en cycle naturel nécessite à peine de médication, ce qui le rend plus confortable pour la patiente. De plus, il gagne en efficacité et en sécurité, réduisant les risques de complications gestationnelles tels que la prééclampsie en fin de grossesse. Le Dr Alonso conclut : « Ces découvertes permettent d’apporter une flexibilité de près de 7 jours au cycle naturel modifié, ce qui était jusqu’alors méconnu, ce qui est très bénéfique car cela permet d’adapter le moment du transfert aux besoins personnels ou professionnels des patients. D’autre part, cette flexibilité est également positive pour les cliniques de procréation médicalement assistée, car elle permet une organisation et une planification équitable des procédures ».
Polluants environnementaux et fertilité
Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’expliquer plusieurs fois, le mode de vie a un impact direct sur la fertilité. Ainsi, l’exposition permanente de la femme aux polluants environnementaux au cours de sa période de fertilité peut être un facteur préjudiciable pour obtenir une grossesse. Voilà les conclusions de l’étude présentée lors du 39e congrès de l’ESHRE par le Dr Francisco Dominguez, chercheur à la Fondation IVI.
Les résultats montrent qu’un taux plus élevé de ces oligoéléments non essentiels, comme le mercure dans le sang, a été associé à une moins bonne réponse ovarienne et à une baisse des résultats embryologiques dans les traitements de FIV. De même pour d’autres éléments peu étudiés, comme le strontium, l’étain, le césium et le rubidium, recherchés dans l’urine, et pouvant être consommés au quotidien,
Influence sur les résultats des traitements de fertilité
Cette étude montre par ailleurs comment des taux plus élevés d’arsenic dans les urines prélevées le jour du transfert embryonnaire ont abouti à de moins bons résultats cliniques en termes de FIV.
Le Dr Dominguez explique ce phénomène de la manière suivante : « Ces résultats montrent bien un impact direct entre la teneur en oligoéléments non essentiels et les résultats des FIV. Il est encore un peu prématuré d’en tirer des conclusions mais nous pouvons déjà anticiper que ces éléments pourraient être associés à notre alimentation courante avec la présence de mercure dans le poisson, ou celle d’arsenic associée à une consommation excessive de riz ou encore de traces de strontium dans les céréales, les végétaux à feuilles et les produits laitiers, par exemple. Il faut aussi ajouter à cela notre exposition environnementale à ces éléments non essentiels. »
Il ne s’agit pour le moment que de résultats préliminaires obtenus à partir d’un échantillon prélevé sur 51 femmes, d’une moyenne d’âge de 39 ans. Elles ont toutes réalisé une FIV dans des cliniques espagnoles IVI.
L’endomètre, objet d’étude
Une grande partie de la recherche dans le domaine de la médecine de la reproduction est consacrée aux questions liées aux ovocytes et aux embryons et à leur qualité, leur quantité et leurs anomalies. Depuis que des recherches ont été menées dans ce domaine, les progrès réalisés ont permis de pouvoir sélectionner le meilleur embryon de manière à obtenir un taux de grossesse de 95 % à la troisième tentative.
Une des études présentées lors de l’ESHRE était centrée sur l’endomètre, organe d’implantation de l’embryon. La recherche d’une bonne qualité endométriale est essentielle. De même, il convient de bien connaître le comportement de cet organe afin d’obtenir les conditions idéales pour une bonne évolution de la grossesse.
Les chercheurs d’IVI sont allés au-delà de ces considérations et ont réussi à identifier les profils endométriaux qui permettent d’obtenir un bon pronostic d’implantation embryonnaire. Le Dr Patricia Diaz-Gimeno, chercheuse à la Fondation IVI et superviseur de l’étude A gene expression risk signature of endometrial failure for prognosis in Vitro Fertilization (IVF) patients, nous l’explique de la manière suivante :
« Les recherches menées proposent pour la première fois, et cela grâce à l’analyse transcriptomique associée à des algorithmes de l’intelligence artificielle, une nouvelle méthode d’une précision de 95 %, d’identification de signatures génétiques qui nous aideront à distinguer les endomètres présentant un bon pronostic de ceux présentant un mauvais pronostic avant de commencer une PMA ».
Anticiper le potentiel d’implantation de l’endomètre
Cet aspect est important car, jusque-là, les outils permettaient d’identifier les endomètres décalés par rapport à la fenêtre d’implantation, mais cela n’a pas abouti à une amélioration nette des taux de grossesse chez les patientes. En revanche, ces recherches montrent pour la première fois que l’on peut identifier des profils d’endomètre – bon pronostic ou mauvais pronostic – et ainsi de constater que, entre ces deux profils, le risque relatif est 3 fois plus élevé chez les patientes présentant un mauvais pronostic de réceptivité endométriale. Cela pouvant se traduire soit par un échec d’implantation, soit par une grossesse biochimique ou encore par une fausse-couche.
« Il convient de poursuivre ces recherches en faveur des patientes présentant un mauvais pronostic de leur endomètre. Mais, le fait de pouvoir déjà les distinguer de manière préventive via la méthode présentée devant la ESHRE constitue un point de départ pour la recherche de nouvelles procédures visant à améliorer le diagnostic et le traitement. Nous pourrons ainsi éviter aux femmes et aux couples de souffrir inutilement de la perte éventuelle de leurs embryons tout en améliorant les chances de succès de leur PMA. Ces résultats prometteurs prouvent une fois de plus notre engagement ferme en faveur d’une médecine individualisée ou de précision », conclut le Dr Díaz-Gimeno.
Compatibilité entre endomètre et embryon
Sans renoncer à cette ligne de recherche, d’autres études ont été présentées lors de l’ESHRE, dont l’étude intitulée « Extracellular vesicles secreted by the maternal endometrium functionally regulate processes related to embryo development and implantation in human blastocysts ». Il s’agissait d’étudier la compatibilité entre l’embryon et l’endomètre pour pouvoir évaluer le succès d’une implantation. On a ainsi identifié un système de communication entre ces deux éléments sur la base de molécules sécrétées par l’endomètre et captées par l’embryon.
Le Dr Hortensia Ferrero, chercheuse à la Fondation IVI, et superviseur de cette étude, nous explique ce principe. « L’endomètre maternel sécrète des vésicules qui sont captées par les embryons humains. Lorsque le contenu de ces vésicules pénètre dans l’embryon, il régule les mécanismes moléculaires impliqués dans l’amélioration de la qualité embryonnaire et, par conséquent, la capacité d’implantation de l’embryon. Ces découvertes ont montré l’importance du système de communication entre l’endomètre maternel et l’embryon à travers ces petites vésicules pour favoriser l’implantation »
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