Le 11th International IVI RMA Congress, récemment tenu à Barcelone, a regroupé plus de 1 400 professionnels, chercheurs et académiciens de 58 pays pour aborder les avancées les plus prometteuses dans le domaine de la médecine reproductive. Plusieurs jours durant, la ville catalane a été l’épicentre de l’innovation scientifique en matière de fertilité et PMA.
Dans le cadre d’un vaste programme de conférences magistrales, workshops et séances interactives, des experts du monde entier ont partagé les recherches et expériences qui marqueront le cap de la reproduction assistée ces prochaines années.
Biologie cellulaire : l’avenir de la fertilité humaine
Parmi les questions les plus innovatrices du congrès, se trouve la gamétogenèse in vitro (GIV), technique émergente qui a pour but de générer des spermatozoïdes et des ovocytes fonctionnels à partir de cellules souches. Bien que ces progrès n’en soient encore qu’à une phase expérimentale, principalement à travers des modèles produits chez les souris, les résultats présentés se sont révélés prometteurs.
Les scientifiques sont ainsi parvenus à créer des spermatozoïdes et des ovocytes à partir de cellules souches pluripotentes induites (CSPi) et de cellules souches embryonnaires (CSE). Néanmoins, comme le fait remarquer le Dr. Sakkas, « transposer ces trouvailles au domaine humain représente un défi de taille considérable ». Les principales barrières comprennent la reproduction de la niche ovarienne, la division méiotique adéquate et la reprogrammation épigénétique similaire à la gamétogenèse naturelle.
Malgré tout, le potentiel est énorme car cette technique pourrait offrir des solutions de fertilité à des personnes qui ne peuvent actuellement pas produire de gamètes viables. Par exemple, celles qui ont perdu leur fertilité du fait de traitements médicaux, de certaines conditions génétiques ou d’un âge avancé.
Maturation in vitro : une alternative moins invasive
Un autre thème central du congrès a été la technique de la maturation in vitro des ovocytes (MIV), qui permet d’obtenir des ovocytes immatures directement des ovaires pour les amener à maturité en laboratoire. Cette technique permet de réduire la nécessité de thérapies hormonales intensives, et constitue une option plus naturelle et moins invasive pour beaucoup de femmes.
« La MIV est particulièrement utile pour les patientes atteintes d’un syndrome des ovaires polykystiques ou présentant un risque élevé de syndrome d’hyperstimulation ovarienne », explique le Dr. Sakkas. En minimisant les risques associés aux traitements hormonaux, cette technique améliore la sécurité du processus et ouvre de nouvelles voies à l’optimisation des cycles de fécondation in vitro.
L’intelligence artificielle dans la reproduction assistée
L’un des grands axes du congrès a été le rôle croissant de l’intelligence artificielle (IA) dans la médecine reproductive. Comme l’a expliqué le Dr. García Velasco, « l’IA n’est plus l’avenir, elle est le présent. Elle transforme la manière dont nous évaluons les spermatozoïdes, les ovocytes et les embryons, et permet de réduire les temps de traitement et d’augmenter les chances de réussite ».
Grâce à l’apprentissage automatique, il est aujourd’hui possible d’identifier plus précisément les spermatozoïdes qui renferment la plus grande capacité de féconder un ovule, ou les ovocytes qui affichent le plus de probabilités de générer un embryon viable. Cette analyse plus sophistiquée et automatisée promet d’améliorer les résultats cliniques et de réduire les défaillances reproductives.
Génétique : vers une évaluation plus précise de l’embryon
La présentation des dernières avancées dans le diagnostic génétique préimplantatoire était une autre des thématiques les plus attendues du congrès. L’introduction du séquençage du génome complet dans ce processus, qui permettrait la lecture de l’exome complet de l’embryon et ouvrirait la porte à une évaluation plus détaillée de son profil génétique, a notamment été abordée.
« Le séquençage nous permet d’identifier les risques de maladies héréditaires ou acquises avec plus de précision, et contribue ainsi au développement de traitements plus personnalisés », explique García Velasco. À long terme, cette démarche pourrait faciliter la découverte de nouveaux biomarqueurs de prédiction du potentiel reproductif, révolutionnant la prévention mais aussi l’intervention en médecine reproductive.
Une vision intégrale de l’avenir
Le congrès a aussi abordé d’autres aspects fondamentaux de la médecine reproductive moderne comme le rôle du microbiote dans la santé reproductive, l’adénomyose et les progrès dans le traitement des fausses couches à répétition. Ces approches pluridisciplinaires confirment que l’avenir de la fertilité passe par une vision intégrale où technologie, science de base, génétique et bien-être des patientes et patients se conjuguent pour offrir des solutions plus personnalisées et plus efficaces.
Des conférenciers de tout premier ordre
La conférence de presse inaugurale a été emmenée par trois figures clé : le Prof. Juan Antonio Velasco, détenteur de la chaire Obstétrique et gynécologie et directeur scientifique d’IVIRMA ; le Dr. Denny Sakkas, directeur scientifique d’IVIRMA Amérique du nord et professeur associé à l’Université de Yale ; et le Dr. Agustín Ballesteros, président du congrès et directeur d’IVI Barcelona.
Pour le Prof. García Velasco, cette rencontre est bien plus qu’un simple rendez-vous scientifique : « La maternité toujours plus tardive a soulevé un enjeu sociodémographique inquiétant. La reproduction assistée est désormais à l’origine de 11 % des naissances en Espagne, et son rôle va continuer à croître ».
Le 11th International IVIRMA Congress a été une vitrine d’espoir pour des millions de personnes qui rêvent de devenir mères et pères. De l’application de l’intelligence artificielle aux développements les plus ambitieux en matière de biotechnologie reproductive, chaque découverte rapproche un peu plus de leur rêve de maternité et de paternité celles et ceux qui éprouvent des difficultés à concevoir.
Comme l’affirme le Dr. Ballesteros, « ce congrès ne prend pas seulement le pouls de la science reproductive mondiale mais nous rappelle aussi que derrière chaque pas en avant, se trouve une histoire humaine. Et notre mission consiste à poursuivre notre travail pour que toujours plus de personnes puissent écrire leur propre histoire ».
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