L’aménorrhée secondaire désigne l’absence de règles durant 3 ou 4 cycles (soit plus de 3 mois) chez une femme bien réglée précédemment. Ce dysfonctionnement touche 2 à 5 % des femmes en âge de procréer. Si la cause principale d’aménorrhée secondaire est la grossesse, l’allaitement ou la ménopause, d’autres origines peuvent expliquer ce trouble. On parle alors d’aménorrhée secondaire périphérique et d’aménorrhée secondaire centrale, selon que l’origine de l’absence de règles se situe au niveau de la région génitale ou au niveau de la région hypothalamo-hypophysaire. Comment détecter l’aménorrhée secondaire ? Comment la différencier de l’aménorrhée primaire ? Quels sont ses impacts sur la fertilité des femmes ? On fait le point.
Aménorrhée primaire et aménorrhée secondaire : les différences
L’aménorrhée peut être primaire ou secondaire.
L’aménorrhée primaire est définie par l’absence de cycle menstruel après l’âge de 16 ans ou dans les deux ans suivant la puberté.
L’aménorrhée secondaire survient avec l’arrêt des règles pendant au moins trois cycles (soit 90 jours), chez les femmes qui ont déjà eu un cycle menstruel.
Hormis la grossesse et l’allaitement, les causes principales de l’aménorrhée secondaire peuvent être en lien avec :
- un dysfonctionnement hypothalamo-hypophysaire ;
- une anomalie ovarienne ;
- une anomalie utérine.
Aménorrhée secondaire d’origine hypothalamo-hypophysaire
L’aménorrhée secondaire peut être provoquée par un dysfonctionnement de l’hypothalamus ou de l’hypophyse qui se traduit par un test aux progestatifs négatif et des taux bas de FSH, de LH et d’estradiol.
Au niveau hypophysaire, elle peut provenir des facteurs suivants :
- syndrome de Sheehan (nécrose de l’hypophyse) ;
- hypophysite (atteinte inflammatoire rare de la glande hypophysaire) ;
- tumeurs de l’hypophyse ;
- adénome à prolactine (hyperproduction de prolactine).
Au niveau hypothalamique, elle peut être due à :
- l’arrêt de la pilule ;
- un excès d’activité physique (aménorrhée de la sportive de haut niveau) ;
- certains facteurs psychogènes (deuil, choc affectif, chagrin…) ;
- une anorexie mentale.
Aménorrhée secondaire et maladies endocriniennes
Certaines maladies endocriniennes peuvent être impliquées dans l’aménorrhée secondaire. On peut citer entre autres :
- l’hypothyroïdie (baisse ou absence de production des hormones thyroïdiennes) ;
- le syndrome de Cushing (hypercortisolisme chronique provoqué par un excès de sécrétion de cortisol) ;
- la maladie d’Addison (insuffisance surrénalienne chronique primaire caractérisée par un défaut de sécrétion au niveau du cortisol et de l’aldostérone).
Aménorrhée secondaire et anomalie ovarienne
Lorsqu’elle est d’origine ovarienne, l’aménorrhée secondaire peut survenir en cas de :
- ménopause précoce (avant 40 ans) provoquée par un dysfonctionnement des ovaires ou une baisse prématurée de la réserve ovarienne.
- syndrome des ovaires polykystiques (SOPK).
Aménorrhée secondaire et anomalie utérine
Lorsqu’elle est d’origine utérine, l’aménorrhée secondaire peut s’installer suite à :
- un curetage (suites de couches, fausse couche spontanée ou interruption volontaire de grossesse) ;
- une chirurgie du col de l’utérus (conisation, trachélectomie, sténose du col utérin…) ;
- une apparition de synéchies utérines (accolement des 2 faces de l’utérus) d’origine traumatique ou infectieuse.
Aménorrhée secondaire : les causes pathologiques
D’autres causes pathologiques ou générales peuvent encore l’expliquer. On y retrouve :
- l’hémochromatose (maladie génétique provoquant un excès de fer dans l’organisme) ;
- la cirrhose du foie ;
- l’hépatite virale ;
- le cancer ;
- la tuberculose ;
- la maladie cœliaque ;
- le diabète insulinodépendant,
- l’insuffisance rénale ;
- l’insuffisance surrénale.
Aménorrhée secondaire causée par des médicaments
La cause de l’aménorrhée peut être iatrogène, c’est-à-dire consécutive à la prise de médicaments tels que :
- les antipsychotiques (antidépresseurs, hypnotiques, anxiolytiques, neuroleptiques, psychodysleptiques) ;
- les progestatifs ;
- la chimiothérapie ;
- les médicaments hypotenseurs (traitement de l’hypertension artérielle) ;
- les contraceptifs hormonaux oraux.
- les analogues de la LH-RH ;
- les corticoïdes ;
- les antihistaminiques.
Comment détecter l’aménorrhée secondaire ?
La démarche diagnostique commence par un interrogatoire passant en revue les causes potentielles de l’aménorrhée secondaire. À cette occasion, les antécédents familiaux et personnels sont évoqués. Pour affiner son diagnostic, le docteur a besoin de connaître les circonstances dans lesquelles s’est installée l’aménorrhée secondaire :
- apparition soudaine ou précédée d’une diminution de la fréquence des cycles ;
- ancienneté du trouble ;
- prise de certains médicaments (corticothérapie, anti-dopaminergiques entraînant une augmentation de la prolactine, macroprogestatifs provoquant une atrophie de l’endomètre, radiothérapie, chimiothérapie) ;
- signes symptomatiques (douleurs pelviennes, maux de tête, troubles visuels, modification de la pilosité, écoulement de lait hors allaitement, douleurs mammaires, bouffées de chaleur…)
- antécédents médicaux et gynécologiques (intervention chirurgicale, curetage, accouchement, césariennes…).
Pour connaître avec précision le niveau de l’aménorrhée, le médecin procède à :
- un examen clinique (mesure du poids et de la taille et établissement de l’indice de masse corporelle, recherche de signes d’hyperandrogénie, galactorrhée, de carence estrogénique avec test aux progestatifs) ;
- un examen gynécologique (appréciation de l’état des muqueuses, visualisation du col et de la glaire cervicale) ;
- un dosage plasmatique de βHCG (ou hormone chorionique gonadotrope) pour écarter une grossesse ;
- un dosage hormonal (évaluation des hormones LH, FSH, testostérone, estradiol, prolactine).
Le traitement de l’aménorrhée secondaire
La prise en charge de l’aménorrhée secondaire dépend de la cause qui a conduit au développement du trouble. Le traitement, dans certains cas, consiste à modifier l’alimentation pour éviter les carences nutritionnelles et rétablir un poids de santé. Une intervention chirurgicale peut être envisagée en cas de tumeur hypophysaire bénigne ou de synéchies utérines. Un traitement à base d’hormones peut être prescrit pour corriger un déséquilibre hormonal en cas d’insuffisance ovarienne précoce. Les causes de l’aménorrhée secondaire étant variables, il n’y a donc pas de traitement unique. La bonne nouvelle étant que ce trouble est la plupart du temps réversible.
Vous souhaitez vous informer sur les traitements de PMA proposés par les centres IVI aux patientes souffrant d’aménorrhée secondaire ? Contactez-nous au 08 00 941 042 (numéro gratuit depuis la France) ou au +34 960 451 185. Pour prendre rendez-vous ou dialoguer avec les équipes de l’Institut valencien de l’infertilité, vous pouvez également renseigner notre formulaire en ligne.
4 commentaires
Bonjour
merci pour cet article super intéressant
quand les règles se retarde de deux trois jours de plus a chaque cycle est ce normal
Bonjour Margaux. Toutes les anomalies doivent être consultées auprès d’un spécialiste, il est toujours conseillable d’écarter des possibles troubles.
bjr, y’a t-il une corrélation entre ovulation et l’amenorhée secondaire apres un usage excessif de la pilule du lendemain sur une courte période
merci
Bonjour, pour définir les causes et possibles symptômes de l’amenorrhée secondaire il est nécessaire de faire des preuves prescrites par un spécialiste. C’est pour ça que nous vous conseillons de consulter un gynécologue.